L’article publié dans la revue The Journal of Peasant Studies se distingue par une analyse rigoureuse des dynamiques d’investissement foncier à grande échelle, en les inscrivant dans le cadre théorique du Capitalocène. Il met en évidence la manière dont ces investissements participent aux transformations environnementales et sociales, en soulignant le rôle systémique du capital et des rapports de pouvoir dans la dégradation des écosystèmes. L’un des apports majeurs réside dans l’approche méthodologique novatrice qui combine les données de Land Matrix et Orbis, permettant de relier les transactions foncières à des informations précises sur les structures d’actionnariat des entreprises. Cette articulation inédite crée un écosystème de données particulièrement riche, qui éclaire la nature et les comportements des investisseurs, et permet de mieux comprendre les liens entre leurs profils et les impacts environnementaux et sociaux documentés, notamment la déforestation, les changements d’affectation des sols, et les atteintes aux droits des communautés locales.
L’article identifie avec précision les types d’acteurs en jeu, en mettant l’accent sur le poids croissant des fonds de pension et autres entités de capital financier, tout en soulignant le rôle des paradis fiscaux comme nœuds essentiels dans les circuits d’investissement. Il accorde également une attention particulière aux dynamiques temporelles et spatiales, retraçant l’évolution des investisseurs et des zones ciblées, notamment à travers des tournants historiques comme la crise financière de 2007-2008 ou l’Accord de Paris. En établissant des connexions explicites entre les logiques d’accaparement foncier, le changement climatique, la sécurité alimentaire et la justice sociale, l’article met en lumière les formes d’externalisation des émissions et les nouvelles formes de “prises de terres vertes” qui émergent au nom de la transition climatique.