Les contradictions du pays « le plus vert du monde »

Déforestation au Suriname

Déforestation au Suriname

Les contradictions du pays « le plus vert du monde »
De nouvelles analyses révèlent l'ampleur choquante des dégâts forestiers en Amazonie surinamaise, en raison de l’exploitation
forestière et minière illégale. 32 % du territoire des Saamaka ont déjà été alloués par le gouvernement sous forme de concessions, soit près de 450 000 hectares.
Le Suriname est reconnu comme un leader mondial en matière de préservation des forêts. Le pays a réussi à conserver 93 % de sa couverture forestière et renouvelle régulièrement ses engagements internationaux pour lutter contre la déforestation. Malgré ces affichages de « pays le plus vert du monde », le gouvernement du Suriname continue d’accorder des concessions forestières et minières à des entreprises internationales, entraînant une forte dégradation des terres. Surtout, ces concessions sont parfois situées sur des territoires de communautés autochtones et afrodescendantes, pourtant protégés par plusieurs lois internationales et interaméricaines.
Dans un nouveau rapport, l’International Land Coalition (ILC) et ses partenaires (dont le Cirad) détaille l’évolution des concessions sur le territoire des Saamaka et l’impact sur la forêt. Fin juin 2024, une partie du peuple saamaka a manifesté contre l’illégalité de ces concessions au regard des décisions prises par la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). À cette occasion, ils ont remis le rapport au président du Suriname, au vice-président et au président de l'Assemblée nationale, ainsi qu’aux parlementaires. Un cri d’alerte qui, ils l’espèrent, portera ses fruits.
L’ILC regroupe différents projets et observatoires sur l’accès et la propriété des terres. Pour établir ce rapport, les auteurs ont notamment bénéficié des données des initiatives Land Matrix qui s’intéressent aux investissements fonciers à grande échelle, et au projet Land Mark qui cartographie les territoires autochtones dans le monde. Jérémy Bourgoin de l’UMR TETIS est fortement impliqué sur ce projet et de façon plus générale sur le projet Land Matrix.