Les appels à transformer les sociétés vers plus de durabilité mettent sur le devant de la scène la pratique de l'anticipation pour penser les alternatives et les chemins d'action. Le développement progressif des technologies informatiques a ouvert la voie à une utilisation croissante des méthodes quantitatives pour explorer l'avenir des systèmes socio-écologiques, en plus des méthodes qualitatives historiquement utilisées. L'articulation de ces méthodes qualitatives et quantitatives a cependant des impacts sur la manière de penser les ruptures et sur les jeux de pouvoir au sein d'un territoire.

A travers cet article, les auteurs, dont Camille Jahel, Jérémy Bourgoin et Marc Piraux, chercheurs à l’UMR TETIS, ont d'abord réfléchi à la sémantique attachée à ces différents types de méthodes. Ils ont ensuite conduit une analyse comparative sur la manière dont l'articulation des méthodes quantitatives et qualitatives est réalisée, sur la base d'une analyse approfondie d'un ensemble de onze projets d'anticipation. Ils proposent des pistes pour classer les projets en fonction de la temporalité de l'articulation (successif, itératif ou convergent) et de son objectif (imagination, raffinement, évaluation et sensibilisation). 

Les auteurs utilisent ce cadre pour explorer les implications d'ordre méthodologiques et sur les jeux de pouvoir, pour enfin discuter des moyens d'informer ou d'encadrer les projets d'anticipation qui cherchent à combiner ces méthodes.