Un chercheur de l’UMR TETIS publie dans The Conversation

Jérémy Lavarenne

Un chercheur de l’UMR TETIS

publie dans The Conversation
Le paradoxe des données climatiques en Afrique de l’Ouest : Plus urgentes mais moins accessibles ! C’est le titre de l'article récemment publié dans The Conversation par Jérémy Lavarenne, un article qui explore comment, malgré la montée en importance des données climatiques en Afrique de l’Ouest, leur accessibilité devient de plus en plus limitée en raison de divers défis diplomatiques, économiques et sécuritaires.
Crédit photographique : Jérémy Bourgoin
La disponibilité des données climatiques est essentielle pour aider les populations à s’adapter aux changements climatiques et à mieux gérer l’agriculture. Cependant, en Afrique de l’Ouest, ces données, bien que de plus en plus nombreuses, deviennent de moins en moins accessibles. Cette situation paradoxale est exacerbée par des défis diplomatiques, sécuritaires et une privatisation croissante des données.
En 2022, une sécheresse sévère a causé des pertes alimentaires majeures au Burkina Faso, un événement qui aurait pu être mieux anticipé avec un accès amélioré aux données climatiques. La collecte et le partage de données agrométéorologiques sont cruciaux pour la planification agricole, notamment pour déterminer les dates de semis et anticiper les rendements des cultures. Historiquement, les données climatiques ont été recueillies par des stations météorologiques et des réseaux de recherche comme ceux du CIRAD et d’AGRHYMET. Les avancées technologiques, telles que la télédétection par satellite, ont révolutionné la collecte de ces données, mais les points de référence au sol restent indispensables pour assurer leur précision. Malheureusement, l'Afrique de l’Ouest est confrontée à une densité extrêmement faible de stations météorologiques, avec seulement une station pour 26 000 kilomètres carrés, contre les recommandations de l'OMM. De plus, les services météorologiques nationaux, en difficulté financière, se tournent vers la vente de données, créant des obstacles supplémentaires à leur accessibilité. La situation est compliquée par les instabilités politiques et les conflits qui perturbent la collecte des données. Les organisations régionales, comme AGRHYMET et le CILSS, voient leurs capacités réduites, et le manque de coopération entre pays aggrave le problème. Les nouvelles initiatives privées, telles que TAHMO, tentent de pallier ces lacunes en offrant un modèle de données hybrides, mais cela ne résout pas entièrement le problème d'accessibilité.
Pour remédier à cette crise, il est crucial de reconnaître les données météorologiques comme un bien public. Un accès ouvert à ces données est vital pour la modélisation et la prise de décision en agriculture, particulièrement pour les chercheurs et entrepreneurs des pays du Sud. Des mesures telles que le développement de mécanismes de financement durables, le renforcement des capacités locales et la promotion de politiques favorisant l’ouverture des données sont nécessaires.
En conclusion, pour améliorer la résilience face aux défis climatiques en Afrique de l’Ouest, il est essentiel d’investir dans l'entretien des réseaux de stations météorologiques existants et d’assurer une ouverture accrue des données climatiques.
Jérémy Lavarenne, chercheur au Cirad au sein de l’UMR TETIS, et Asse Mbengue, doctorant en agrométéorologie à l’ANACIM de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), ont coécrit cet article pour The Conversation.
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